Thursday, December 7, 2006

Écrits de l’ici-maintenant (1)

Mon fils, l’olivier

Cet arbre d’une grande beauté intérieure. Ce sont tous les secrets qu’il cache, qu’il me révèle petit à petit, alors qu’il dort, les yeux grands ouverts comme un ange. Ses racines sont fortes, elles sont si solides. Il ne tremble pas. Il se tient droit avec la fierté et l’assurance d’un vieux sage. Il a appris cela du Chêne. Son feuillu est de toute beauté, d’une telle tendresse, de possibilités. Il fait aller ses branches et chaque mouvement résonne dans mon corps, dans le corps de l’humanité. Il est porteur de paix, mon fils, l’Olivier.

Mon âme soeur, le chêne. Rien ne peut ébranler le chêne.

La critique des marques. Mais quelle perte de temps précieux.
C’est dans ma tête que tout est réduit en petites pièces méconnaissables. La tête est lourde, elle pèse et je ne la désire plus. Je ne désire en rien qu’elle représente ma personne. Elle me voile, m’atténue et dans les pires des cas, elle m’étouffe jusqu’à ma mort. C’est elle qui doit mourir. C’est cette boule trop lourde et en déséquilibre assise au centre de mon cou qui doit mourir. Peut-être je pourrais la garder en vie juste au cas où j’en aurais besoin une fois que ma nouvelle voix sera bien installée dans ma gorge. Qui sait si elle me sera utile, mais en attendant, je vais l’endormir et réveiller ce qui a trop longtemps dormi : la quintessence de mon âme.

Je ne pense pas que le temps devienne mieux qu’avant. Ça, ça va devoir attendre, mais l’espace, il y a quelque chose à faire avec l’espace. Je ne crois pas que l’avertissement soit bien fort. Feint. Contributions banales que ces efforts. Je peux faire beaucoup mieux. Et encore, qui est-ce qui va me ramener lorsque que tout sera fini? Qui osera récupérer ce corps, ce tas mortel? Si dans deux ans je n’y arrive pas, c’est toi qui auras perdu. (Et quand je dis « toi », je veux dire l’autre moi. Celle qui habite les tréfonds de ma caverne corporelle.) Si je ne vais pas loin, si je reste dans les plates-bandes ennuyeuses, ce sera la désolation. Je vais écrire, je vais peindre, je vais te fermer la bouche et te faire ravaler tes mots. Ceux qui sont enduits de cette brume huileuse. Les mots qui vomissent de l’intérieur. Et quand tu auras fini de les mâcher, tu seras grande. Tu voulais être grande n’est-ce pas?

Plante, brisée
Frêle, masquée.
Quand tu la possèdes
Tu l’enivres

Plante si frêle,
Tu es belle
Ta source est forte
Or tes feuilles sont pâles

Dit, tu es là?
Bien
Si tu n’y es pas
Tant pis

Quand tu apprendras la meilleure façon de chanter ton âme, vas-tu l’oublier? Je veux te dire que tu es belle et que ton son est de toute beauté. La mélodie m’enchante à chaque note. Brise la porte. Prise de conscience numéro 4 : ne jamais présenter ce qui n’est pas vrai. La couleur de tes yeux… Ce sont mes yeux. La couleur de mes yeux a changé. Bleu perçant.

C’est la couleur de l’eau. Si l’eau est bleue, donc l’eau « est » bleue. Si je dis que mes yeux sont bleus, donc mes yeux sont l’eau. Si j’ai de l’eau dans les yeux, comment est-ce que je perçois? Et si mes yeux sont remplis d’eau, où est-ce que je la déverse? Ici, maintenant, je te regarde avec la fontaine de mes pupilles. Mon regard est doux, rassurant, mais il est bien capable de noyer ce qui est regardé. Il est capable de te noyer.

Première chose en premier : quoi admirer avec ce nouveau regard : les plus belles créations à mes yeux, rien de moins. Mon regard est de métal.

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